Quoi de plus savoureux,
De plus jubilatoire,
Qu'un gros mot bien juteux
Pour fleurir une histoire ?
D'une « couille » bien placée
D'un « trou de balle » bien senti
Et la phrase étriquée
Se transmute en saillie.
Si l'on choisit l'option
De respecter les doses
Les « bites » et les « nichons »
Donnent des ailes à la prose.
L'art d'enrichir un trait
Suppose qu'on soit avare
Pour fortifier l'effet
Il faut le rendre rare.
On est loin des manières
Usuelles de notre époque :
Qui veut niquer nos mères,
Enculer tout en bloc.
« J'te nique, tu me niques, on se nique »
L'insulte tourne en rond
Et pourtant, crotte de bique,
On en a du juron.
Les traditions se perdent
« Cornegidouille », « mince », « zut »
Y'a du choix pourtant : « merde »,
« Fichtre », « bigre », « flûte »
Et pour ragaillardir
Ces injures émoussées
Je propose d'abolir
« Va te faire en***ler »
On restaure « palsambleu »,
On ressort « bistouquette »
On déterre le « morbleu »
Et « saperlipopette »
Comme l'abus de radasses
Peut flanquer des boutons
On frise le dégueulasse
À trop dire « poil au fion »
La grossièreté, bordel,
Est joliment vulgaire
Mais elle perd son label
Lorsqu'elle est ordinaire
Une insulte élégante
Peut fleurir le crottin
Mais pas la boule puante
Larguée à la bourrin.
Comme on espère d'un cul
Au moins qu'il émoustille
On attend d'un mot cru
Du mordant, qu'il croustille.
Les immondices en bouche
Poussent à vociférer
Je préfère en fine bouche
L'invective affinée.
Je vénère ces bon gros
« Chibre », « chagatte », « baloches »
Ressortons ces joyaux
Du fond de nos sacoches
Laissons aux aboyeurs
Leurs manières de clébards
Et hissons la verdeur
À l'étage du grand art.
Quoi de plus savoureux,
De plus jubilatoire,
Qu'un gros mot bien juteux
Pour fleurir une histoire ?
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Le meilleur titre de Richard depuis… belles lurettes !
Avec en prime un clip savoureux :
Le meilleur titre de Richard depuis belles lurettes ? Ahhhh… je ne sais pas… Il y a quelques excellents titres sur cet album que je ne saurais départager : Saperlipopette… Les moutons… Un chat, un chat !…
Sur le même thème, Brassens avait sorti une « ronde des jurons ». Moi qui ne suit nullement fan du sieur Gotainer (à deux trois près), je trouve celle-ci très bien, même si je ne suis pas d'accord sur la nécessité des gros mots pour fleurir une histoire, seulement pour apporter une rupture de style.
Édité quelques années après : à l'époque, je n'étais pas fan de Gotainer, ni « Le Sampa » ni « Nadine à Oilpé » ni deux trois autres que j'aimais bien ne m'avaient donné plus envie que ça d'explorer l'œuvre du Maître. Mais celle-ci oui, et maintenant je suis inconditionnel du grand Richard.
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