Hé bien, mes amis, j'vais vous raconter quel homme de poisse je suis.
Vous savez, je suis dans la poisse, j'suis né le dernier mois de l'année, dernière semaine du mois, dernier jour de la semaine, dernière heure de la journée, dernière minute de l'heure, dernière seconde de la minute.
A vous dire vrai, pour un peu, je n'arrivais pas du tout.
Oui, j'ai la poisse.
Vous savez, je suis né à la campagne, dans un p'tit ferme où la terre est si pauvre qu'il faut mettre de l'engrais aux pieds des poteaux téléphoniques avant d'avoir la tonalité.
Mais c'est quand même bon d'être de là -bas.
Vous savez, je suis né à la campagne, j'peux même me souvenir le jour quand je suis né.
C'est trois qu'on était nous, les mômes, là sur le lit côte à côte.
J'ai entendu le porte claquer.
Mon vieux, il entre par la porte, il vient vers le lit, il nous regarde un coup, il appelle Maman.
Elle est dans la cuisine en train de faire la soupe.
Il dit : Hé Marie, amène-toi vite, il dit
Choisis celui que tu préfères, les autres, on va les noyer.
Et bien on n'était que dix-sept, les enfants : y'a sept garçons, huit filles et deux autres enfants.
Et bien j'étais pas très vieux quand mon vieux, il m'dit : Mon gars, il est temps que tu te tailles.
Dès maintenant, tu vas gagner ta vie.
J'en ai assez de te nourrir ici.
Alors je suis parti, mes amis, et voici ce qui m'est arrivé depuis.
Vous savez, j'ai été blousé, abusé, embobiné, embabouiné, bousculé, houspillé, floué, grugé, piétiné, carotté et je me suis fait avoir.
J'ai été contrôlé à l'impôt de guerre, l'impôt de paix, l'impôt direct et indirect, personnel et impersonnel, sur des revenus, des non-revenus, pour la vidange des ordures ménagères, pour des chiens de première et deuxième catégorie, à l'impôt aux roses, à l'impôt de vin.
J'ai donné pour la SNCF, l'ORTF, la TVA, les RATP, le PTT, le TMS, les SOS, les SVP.
On m'a taxé, tapé, cotisé, imposé, sollicité, matraqué, on m'a même épousé.
On m'a demandé de faire partie de
Culte de l'oignon vénéré
Aux amis des chats écrasés
Et comparatif pour l'insémination artificielle du poulet.
J'en ai saoulé d'autres et on m'a fait saouler.
J'ai travaillé comme un diable et on m'a fait travailler comme un diable.
Perdu tout ce que j'avais, une partie de mes meubles, parce que
Je veux sortir maintenant
Dépenser quelques petites parties de ce que j'avais gagné, ne pas les mendier, emprunter, voler.
Et bien j'ai été discuté, disputé, boycotté, injurié, saigné, traité de pomme, poire, cornichon et saloperie dans la force du terme.
On m'a souvent assuré, mais mal rassuré jusqu'au jour où j'ai joué ce blues sur le coup de dix heures.
Un voisin a tapé sur le mur, l'immeuble s'est écroulé.
La justice m'a embarqué pour me vérifier mon identité.
Et si je suis encore là , mes amis, c'est juste pour voir ce que diable il va m'arriver maintenant.
Et si ce n'est pas de la poisse, ça, les gars, dites-moi ce que c'est.
Transcripteur : Dam-Dam |
Les paroles : [Merci !]
Prestation télévisuelle :
Remix 2020 :
Adaptation de "Arkansas Hard Luck Blues" de Lonnie Glosson (1936).
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